Les chinois ont de la patience
Ou l’art d’être un chinois en Chine.
Si un jour il vous arrive d’aller en Chine vous allez vous rendre compte qu’ils font les choses d’une manière très particulière. C’est à dire; pas du tout comme le reste des habitants du système solaire.
Pour mieux vous montrer de quoi je parle, supposons que, par le plus grands des hasards, non seulement vous êtes en Chine, mais que par un coup du destin encore plus invraisemblable, vous vous retrouvez précisément dans un petit village du milieu de la Chine du nom de Dazu ou 大足 pour les intimes. (Près de Chongquing, mais cela n’est pas très important pour le reste de l’histoire)
Bref, c’est là où se trouve le site appelé: Les Cavernes de Dazu, estampillé patrimoine culturel de l’humanité par l’Unesco, centre d’intérêt historique de première catégorie par le ministère de la culture Chinois et …… un tas d’autres diplômes qui sont trop longs à énumérer mais qui ont pour seul but de vous annoncer l’importance de la chose.
Avant la visite des fameuses cavernes, il faut tout de même se taper 20 minutes à pied de trajet depuis l’entrée, mais j’attribue ceci au fait que nos amis chinois ont un sens développé de la mise en scène.
Et cela fonctionne plutôt bien, car à la fin de la droite finale et juste après avoir amorcé le virage vous vous prenez un gros site historique dans la figure et ceci sans le moindre préavis ni signalement.
Jugez plutôt!
Mais c’est maintenant à mon tour de vous balancer dans la tro…..euhh… dans la figure! quelques informations concernant le site en question, histoire que vous puissiez avoir un peu de contexte:
Ce site fait partie d’un ensemble régional d’environ 50 000 statues bouddhistes sculptées patiemment pendant plusieurs centaines d’années à même le rocher et constituant un des ensembles les mieux préservés de toute la Chine. Un des moines du site a même passé 70 ans de sa vie à sculpter !
Ces statues sont restées isolées pendant très longtemps et cela les a protégés des espiègleries de nos amis les gardes rouges pendant la révolution culturelle.
Mais bon, là je m’égare, car j’étais au point où je disais que vous alliez vous prendre un site historique en plein dans la figure.
Et quoique mes photos ne puissent pas vous rendre l’ampleur du choc, sachez qu’il s’agit surtout de représentations de Buddha, et des ses réincarnations et des différents aspects de la vie de l’époque dans laquelle le site a été sculpté.
Il n’y a qu’à voir la taille de cette charmante guide en comparaison avec le monument qu’elle est en train d’expliquer, cela vous donne un aperçu de la taille de l’ensemble. Car c’est pour cela que les Chinois sont Chinois, il faut toujours qu’ils fassent tout mieux, plus vite et plus grand que le reste d’habitants de la planète.
Passé ce premier impact, la suite de la visite permet d’apprécier le niveau exceptionnel de détail de chaque élément, au point de se demander si le sculpteur ne vient à peine de terminer son travail la veille.
Et juste au moment où vous vous demandez si nos amis Chinois ne pouvaient pas être encore plus perfectionnistes; vous vous retrouvez nez à nez avec un des personnages de l’histoire le plus connu pour avoir passé l’essentiel de son temps à prier, à méditer ou à dormir.
Ehhh oui ! Notre cher Bouddha connu aussi sous le nom de Gotama Bouddha, ou Siddhartha Gotama pour les potes, est représenté ici dans l’activité qu’il faisait le mieux: la Sieste !
Et comme ici ils ne font pas les choses à moitié, la représentation est à la mesure de l’importance de la sieste en Chine, que soit dit en passant est un droit écrit dans la constitution. Et ce n’est pas une blague !
Mais ce n’est pas fini! Car la dernière partie du site contient encore plus de représentations du Bouddha, sans compter les dieux, les notables et les différentes étapes pour atteindre le Nirvana ainsi que les défilés de mode de l’époque.
Notamment, vous allez passer devant l’ensemble appelé: Les Trois Preux d’Huayan dont un d’eux a dans ses mains un petit bâtiment qui n’est autre qu’une petite ….. pagode. Or sachez que la « petite pagode » pèse une demie tonne « à peine » et si elle tient aussi chichement dans les mains de la statue, et ce sans s’effondrer, depuis 800 ans c’est parce que le sculpteur avait eu l’idée de faire de voilages en pierre aux personnages, ces voilages fonctionnent comme des murs qui soutiennent les mains du personnage et la pagode.
En gros, c’est grâce à l’habit du moine que la pagode ne tombe pas.
On peut donc conclure en disant que pour ce cas très particulier; que l’habit ne fait pas le moine mais la pagode.
Je vous laisse réfléchir….
Et pour finir, Supposons que, jusque là, vous êtes sorti indemne de tous ces chocs culturels et que vous parvenez à quitter le site et à retourner au village de Dazu.
Une fois là bas, sachez qu’en se dirigeant vers le Nord du village, et facilement accessible à pied. Vous y trouverez un autre site, où vous aurez encore une fois droit à : la droite de rigueur, le virage, un premier choc culturel, un deuxième choc etc etc.
Le site est un peu plus petit mais cela, mon cher lecteur, c’est une autre histoire.
Si vous voulez vous rendre au site de cavernes de Dazu, il faudra vous rendre d’abord à Chongquing et de là prendre un bus jusqu’à Dazu.
Une fois à Dazu il faudra prendre le bus 205, arrêt juste en face de la gare routière, lequel vous emmènera directement sur le site historique. Et ne vous inquiétez pas, même si personne, et je dis bien personne, ne parle l’Anglais à Dazu, ils vont tous comprendre où vous voulez aller, il suffit de prononcer très clairement : 大足!